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Le sanctuaire des destins oubliés

Nouveau roman !

Le sanctuaire des destins oubliés 

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"J’émerge à l’instant du dédale dans lequel Le sanctuaire des destins oubliés entraîne irrésistiblement ses lecteurs. Outre le plaisir éprouvé dans cette manière de course au trésor, j’y ai découvert un livre étonnant, dont le tour de force majeur consiste à conférer au personnage principal une présence d’autant plus vivifiante que c’est dans la prégnance de l’absence qu’il puise sa plénitude. Ainsi de la fugitive Lola, dont l’ombre portée du souvenir ne laisse pas, de la première à 235e page, de nous mettre au défi d’en suivre la trace dans les méandres fiévreux d’une Barcelone enveloppée de soleil, où la lumière elle-même participe de l’angoisse que génère la quête de l’amour perdu. Un grand merci, pour ce bon et fort moment." Henri-Michel Polvan

Un beau roman magique que nous offre Yves Carchon...
 
Le nouveau roman d’Yves Carchon est un rêve éveillé auquel nous sommes conviés, et je dois dire que nous le sommes réellement pour notre plus grand bonheur. On entre comme en apesanteur dans ce livre, suivant le narrateur dans les méandres d’une enquête aussi étrange qu’insolite. On en ressort ravi et envoûté, porté par la magie d’un texte fluide, simple, épuré, dont la simplicité fait toute la force. Plus qu’une enquête, il s’agit d’une quête que Lucas va mener pour retrouver Lola, le grand amour de sa jeunesse, qu’il a connue à Barcelone aux tous débuts de la Movida, époque de grande libération après les sombres années de plomb franquistes. L’ombre macabre de Franco plane encore sur tous les rescapés qui ont lutté et survécu et que croise Lucas… Une sarabande de personnages, énigmatiques et porteurs de secrets, et beaucoup de fantômes dont l’âme est demeurée intacte dans les objets… Le sanctuaire des destins oubliés, au titre fort et alléchant, est une sorte d’odyssée pour ce moderne Ulysse qu’est Lucas, tentant de retrouver sa Lola-Pénélope (mais lui ne sait même pas si elle vit encore sur Ithaque) ; un long périple où il ira de surprise en surprise, car rien ne semble être gagné d’avance pour lui. Par chance, Lola a laissé derrière elle des indices, une sorte de rébus qu’il se doit de résoudre s’il veut la retrouver. Hormis ce récit envoûtant, fait de prodiges et autres évènements miraculeux, marque du réalisme magique, il apparaît dans la prose de l’auteur une autre dimension : la volonté de faire écho à des récits classiques comme L’Odyssée, les romans de Chevalerie, le Chabert de Balzac ou le Monte Cristo du grand Dumas, voire La maison des Morts de Dostoïevski, autant de pierres tout au long d’un chemin sinueux, autant de flux irriguant le roman tout en scandant cette quête. La ville de Barcelone est là, omniprésente, palpitant d’une vie marginale, celle des antiquaires, libraires, lapidaires… gardiens de rêves démesurés à l’exemple de la Sagrada Familia d’Antoni Gaudi. Avec Le sanctuaire des destins oubliés, nous godillons entre rêve et réalité, passons allégrement de la pensée magique à la raison, de l’obsédante présence des objets à la réelle conviction qu’ils peuvent agir sur notre vie, de la mort de l’amour à sa résurrection possible… Bref, vous l’aurez compris : une fois ce livre ouvert, vous voilà prisonnier de l’auteur, mais comme Lucas de son destin. Un beau roman magique que nous offre Yves Carchon. A lire sans retenue !



Le sanctuaire des destins oubliés, Cairn Editions (Collection Du Noir au Sud), 239 pages, 10 €

 

Dans Le sanctuaire des destins oubliés, que j’ai lu avec attention, il y a certes la quête d’un amour perdu, Barcelone, un jeu de piste auquel nous sommes conviés, sorte de chasse au trésor qui ne laisse pas de fasciner et qu’on peut lire comme en état d’hypnose. Mais je voudrais aller plus loin, sachant que sous l’éblouissant vernis, l’auteur semble vouloir nous faire entendre plus : sa narration est un chant de Sirène, et donc, sous des allures de conte teinté de réalisme magique, elle raconte autre chose. Tenter de dénouer les fils intimes et littéraires de ce roman est ce à quoi j’ai voulu m’attacher. Sans être grand devin, l’auteur nous donne des indices et nous met sur la piste, comme Lola ouvre la voie au narrateur Lucas. Mais voyons de plus près.
Ainsi est-il fait allusion, en début de récit, aux romans de Chevalerie et à l’amour courtois, l’amour de loin des troubadours. Il est dit quelque part que les objets trouvés seront remis en fin de course à la dame de son cœur qu’est Lola. On pense aussi au Chevalier à la triste figure, évoqué dans le livre, Don Quichotte soi- même, qui aimait tant les livres au point de croire que la réalité était en eux (comme Lola ?).
Comment ne pas penser aussi à l’Odyssée, où Ulysse, après bien des péripéties, doit retrouver Ithaque et sa chère Pénélope. Il semble que Lucas ait moins de certitude quant à retrouver sa Lola-Pénélope, même s’il garde une inébranlable confiance. Comme Ulysse, Lucas va rencontrer des êtres exceptionnels qui vont l’aider tout au long de sa drôle d’odyssée. Non pas en Méditerranée, mais dans le cœur de Barcelone où a déjà sévi un certain Carlos Ruiz Zafon… On sent là un clin d’œil appuyé à l’auteur espagnol. Ces personnages barcelonais, comme sortis droit de contes grotesques, sont des balises qui envoient à Lucas les signes indispensables pour réussir sa quête.
Il y a souvent de l’imprévu, de l’extraordinaire, confinant au risible parfois, une sorte de pantomime qui rappelle par instants le voyage de K jusqu’à l’inaccessible Château… Lucas parviendra-t-il à retrouver Lola ? Mais n’est-ce pas un leurre ? Je ne parlerai pas du Comte de Monte Cristo, du Colonel Chabert ou de la Maison des Morts dostoïevskienne, semés très clairement par l’auteur derrière lui, qui donne à Puig un incroyable destin. Cette déambulation dans Barcelone se passe sur environ sept jours, avec des points d’ancrage : la Boqueria, les Ramblas, le Port, certains quartiers dont le Barri Gotic…et elle renvoie au déambulations de Bloom dans Dublin, sur un jour il est vrai, dans Ulysses justement…
Faut-il préciser que j’ai dû passer à côté de bien d’autres hommages, qu’ils soient discrets ou non, vu l’habileté de l’auteur à chercher à nous perdre. J’espère qu’il ne m’en voudra pas d’avoir quelque peu dévoilé ce qui fonde son récit, réseau de références qui alerte le lecteur. Clins d’œil qui, en tout cas, ont éclairé pour mon plus grand plaisir la lecture de ce livre.


Alexandre Cuvier

 
 

 

 

 

 

 

 

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